Lettre du cœur sur la montée de l'IA

Dans cette ère où à l’aide de quelques “prompts” il est désormais possible de voir ce qui pourtant n’existe pas, mon cœur d’artiste brûle avec tous ceux qui se battent pour faire vivre leurs réalités.

Nous sommes malheureusement tous concernés.

Au sein de notre société qui tend à glorifier l’individualisme et la domination, la méfiance croît jour après jour, et dans tous les cercles.

Je vous donne donc solennellement ma parole la plus profonde et sincère, que vous ne trouverez dans mon travail que du vrai, du tangible, du réel. Les photos que vous voyez et qui portent ma signature sont développées numériquement  afin d’atteindre leur plein potentiel, et Photoshop n’intervient que pour sauver votre portrait d’un bouton indésirable ou d’un poil de chat sur votre pull. Mais c’est sans hésitation que je peux vous dire que jamais, Ô grand jamais, vous ne me verrez faire intervenir une “intelligence” artificielle pour aller au bout d’un projet ou d’une vision.

Je suis une grande adepte des effets pratiques, et avec un peu de créativité et une bonne connaissance des capacités de son matériel, je pense que n’importe quel visuel peut être atteint directement à la prise de vue.

Double exposition réalisée à la prise de vue avec Ambre Renard, 2021

Alors oui, c’est beaucoup plus long à réaliser, plus fastidieux. Mais l’humanité n’est pas une création instantanée. Donnons nous le temps de progresser, de construire, de respirer, d’inventer.

Comment peut-on comparer du “contenu” à la puissance d’un projet de toute une vie ?

Je prône l’humain, l’émotion brute dans l’imperfection, le travail en équipe, le travail qui a du sens. Mes mots sont les miens, écrits avec mes propres compétences (ou incompétences) littéraires, avec mes petites fautes d’orthographe et mes erreurs de syntaxe, qui sont passées au travers de mes propres relectures. Ce ne sont pas les mots de quelques lignes de code dressées pour happer votre attention coûte que coûte.

Double exposition réalisée à la prise de vue avec Claire Lixi, 2020

J’ai été attirée par la photographie dès mon plus jeune âge, avec cette fascination pour l’immortalisation d’une fraction de réel, d’un point de vue qui devient l’unique témoin historique d’un instant disparu. Ça a toujours été une façon pour moi d'œuvrer pour une forme de vérité, une preuve de ce que j’ai vu et vécu. 

Alors vous ne trouverez jamais dans mon travail un faux décor, un faux papillon, de fausses paillettes, mais vous trouverez de vraies larmes versées inlassablement à chaque extraction violente d’une partie de moi figée dans mon capteur. Vous trouverez tous les doutes qui m’ont submergée face à des ambitions trop grandes pour moi mais dans lesquels j’apprends et j’évolue. Vous trouverez mes erreurs humaines et mes opinions qui se construisent et se déconstruisent à mesure que je découvre la vie, et vous trouverez de l’humanité et de la chaleur.

Travail en pose longue avec Domitille Rocher, 2021

Soyons clairs, je ne formule aucune critique artistique envers qui que ce soit car j’estime que ces sujets méritent un traitement au cas par cas.

Mais je me joins à tous les consommateurs qui tournent les talons devant une affiche réalisée par un robot, devant un produit réel que l’on nous vend avec des visuels qui eux ne le sont pas, et devant des campagnes qui cherchent à réduire les coûts tout en maximisant les bénéfices, au détriment des vrais humains vivants du secteur.

Je m’engage à toujours jouer la transparence, et à chérir la relation de confiance que j’entretiens avec mes clients depuis toutes ces années. Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez déjà confié et tout ce que vous me confierez encore.

Utilisation d’un prisme avec Marine (maquillée par Mélinda Tabaret), 2019